Je suis parti avec Vincent le 29 juillet au matin, en direction de la vallée d’Aoste et du massif du Mont Rose. L’objectif initial était de traverser sous les Lyskamm pour rejoindre Zermatt, mais ce projet a été compromis par les récentes chutes de neige. Nous avons donc décidé de consacrer une journée à l’ascension de la Pointe Gnifetti (4559 m), en passant par le plus grand nombre de sommets possible, avant de basculer ensuite vers le massif du Mont-Blanc.
Nous sommes arrivés vers midi à Staffal, puis avons pris les remontées mécaniques jusqu’au pied de la Punta Giordani, que nous avions prévu de gravir le surlendemain. Nous avons ensuite rejoint la cabane Mantova pour y passer deux nuits, où la brume persistante nous a un peu inquiétés pour le lendemain.
La première nuit s’est bien déroulée malgré un dortoir bruyant. Réveil vers 3 h 45 : petit déjeuner, chaussures, matériel vérifié, et nous voilà dehors dans la nuit noire, froide mais dégagée. Nous avons progressé sur environ 300 m de pierrier en chaussures avant de rejoindre la neige, où nous avons chaussé les crampons, sorti la corde et la caméra.
Après deux heures de marche, nous avons franchi une énorme crevasse, suivis par une vingtaine de cordées, puis pris la direction de la Pyramide Vincent (4215 m). Il nous a fallu environ une heure de marche dans les nuages pour atteindre le sommet. Les rafales de vent nous gelaient les doigts, et Vincent commençait à avoir froid aux pieds, mais nous avons poursuivi.
Nous sommes redescendus rapidement, puis avons pris la direction du Corno Nero (4321 m). Une petite heure plus tard, nous étions à la rimaye. Vincent a tiré une longueur en tête sur un névé raide (60°) en neige dure. Je l’ai rejoint, assuré d’en haut, piolet en main, avant d’attaquer l’arête en dry (grimpe avec crampons sur rocher). Après quelques passages vertigineux, j’ai atteint le sommet, dominant une face sud qui tombait à pic sur 400 m. J’ai assuré Vincent jusqu’à ce qu’il me rejoigne, et nous avons profité de 20 secondes au sommet avant de faire demi-tour. La désescalade du névé nous a ramenés à la base.
Vincent essayait tant bien que mal de se réchauffer les pieds, sans succès, et le froid nous mordait toujours les doigts malgré la dissipation des nuages. Nous avons alors pris la direction de la Ludwigshöhe (4341 m), que nous avons atteinte facilement en moins d’une heure. La descente, un peu raide, n’a pas posé de problème.
Ensuite, cap sur la Pointe Parrot (Parrotspitze, 4434 m). Après une cinquantaine de mètres de montée, nous avons attaqué l’arête effilée menant au sommet, tombant raide de chaque côté. Ici, pas de droit à l’erreur : trente minutes de concentration absolue nous ont conduits au sommet. Après une photo, nous avons continué sur l’arête avant de redescendre de l’autre côté. Ce fut une belle première expérience d’arête de neige.
Nous avons alors pris la direction de la Pointe Gnifetti (ou Signalkuppe en allemand, 4560 m). L’idée était de monter, de faire une pause de dix minutes au refuge Margherita (le plus haut des Alpes, construit sur le sommet), avant d’enchaîner sur la Zumstein. Mais à 200 m du refuge, j’ai commencé à ressentir de sérieux symptômes du mal aigu des montagnes (MAM) : fièvre, fatigue, nausée, mal de tête. Nous n’avions pas fait de vraie journée d’acclimatation la veille, et j’avais aussi négligé de boire suffisamment.
Arrivé au sommet, j’étais vraiment mal, mais après avoir bu, mangé un morceau (la “plus haute pizza du monde”) et pris un peu de repos, nous avons décidé de redescendre et de reporter la Zumstein. La descente a été pénible au début : le MAM donnait une impression de gueule de bois, avec l’envie de m’allonger dans la neige. Mais en dessous de 4000 m, les symptômes se sont presque dissipés. Nous sommes revenus tranquillement à la cabane vers 14 h.
Le lendemain, départ à 4 h 30 pour la Punta Giordani (4046 m). Avec tout notre matériel, nous avons progressé efficacement et atteint le sommet vers 8 h. La fin a été la partie la plus intéressante : environ 5 m de dry pour atteindre la croix, où nous avons salué la Vierge et laissé un mot dans le livre du sommet. Ensuite, nous avons redescendu sur Staffal.





Ajouter un commentaire
Commentaires